MUSEE TRANSITOIRE

DORA GARCIA

Dora García (1965) remet en question les relations traditionnelles entre les œuvres d’art et les spectateurices au sein de l’espace d’exposition. Ses scénarios donnent naissance à des situations uniques, intellectuelles et ludiques qui reposent souvent sur une participation active et parfois obligatoire du public dans la création, l’activation ou la destruction de l’œuvre.

«Lorsque Gregor Samsa se réveilla un matin après des rêves inquiétants, il se trouva transformé dans son lit en un gigantesque insecte». Selon l’artiste, la première phrase de La métamorphose de Kafka (1915) est probablement la meilleure première phrase jamais écrite dans un roman, le mot insecte étant, dans l’original allemand, Ungeziefer, un mot plus spécifique qu’insecte signifiant nuisibles indésirables ou gênants. La trentaine de dessins exposés à cet étage suggère l’erreur, le parasite, le bug récurrent dans la marche cyclique de l’histoire.

Tourné en noir et blanc, le film Hotel Wolfers mélange quant à lui deux récits. La partie visuelle de l’œuvre montre un parcours à travers la célèbre Maison Wolfers à Bruxelles, dessinée par Henry Van de Velde. Dora García utilise les conventions de la caméra subjective qui, tel un œil furtif et distrait, scrute à un rythme lent et attentif l’intérieur de la demeure en déclin. Parallèlement à l’image, l’audio de la pièce se développe, transpirant au même rythme lent. Il s’agit d’une description narrée par une voix masculine sans lien avec les images qui décrit les actions et les plans de Film (1965), seul film réalisé par Samuel Beckett qui fut l’un des premiers à utiliser la technique de la caméra subjective ou du point de vue. À travers cette double narration audio et vidéo, l’artiste nous place en tant que sujet participant dans un scénario qui oscille entre réalité et fiction.